Ami lecteur ! Loin de faire l’apologie des duels, ce livre aborde de manière factuelle cinq grandes époques historiques du duel en France, du Moyen-Age à nos jours.
A chaque époque, en introduction, l’auteure nous livre une analyse historique, religieuse, sociologique, littéraire voire cinématographique du duel. Quelques pages sont ensuite consacrées à une présentation des armes de duels et à l’évolution de l’escrime au fil du temps. Viennent ensuite les récits de duels célèbres impliquant bien souvent des duellistes chevronnés, rageurs et récidivistes, aussi bien des hommes que des femmes. Un voyage passionnant au cœur de notre Histoire…
Les autorités, qu’elles soient religieuses, monarchiques ou républicaines ont tenté de juguler le duel à travers les âges. En vain. Le duel traverse les époques, brave les lois, s’affuble d’une autre arme: le pistolet. On a beau le reléguer dans la catégorie des crimes de droit commun, il résiste. Impossible de le museler ! Car on se bat pour l’honneur et pour se faire justice, mais aussi et surtout pour le plaisir : on met du cœur à se donner de l’importance en allant sur le pré…
Illustration de couverture : Bérangère Bloch-Bekkaoui
Tout public
Extrait:
LE CARDINAL DE RETZ (1613-1679)
De l’épée à la crosse et au goupillon (Extrait)
Monsieur l’abbé de Retz aime la chasse à courre. Invité par Monsieur de Souvray, marquis de Courtenvaux, capitaine du château de Fontainebleau, à courir le cerf dans la forêt de Fontainebleau, il s’en donne à cœur joie. Tout fourbu, il décide de rentrer sur Paris par la poste. Arrivé au relais de Juvisy-sur-Orge, il change de monture. Au même moment survient le capitaine de la compagnie des chevau-légers du roi Louis XIII, un certain Coutenan, qui décide de prendre le cheval choisi par Retz et ordonne, sur-le-champ, au palefrenier de mettre sa selle sur cette monture. Bien évidemment, l’adolescent tout tonsuré et menu qu’il soit – s’interpose fermement :
– J’ai retenu ce cheval avant vous !
L’autre jette un regard de dédain sur cette espèce de vibrion portant col blanc et calotte noire, et lui administre, sans mot dire, un soufflet magistral. Le jeune abbé, piqué en diable, se rebiffe. Il dégaine. L’autre aussi. Les lames s’entrechoquent. Soudain, le pied de Coutenan glisse; pour amortir la chute, il se retient de la main droite et son épée tombe. Retz recule alors de deux pas :
– Reprenez votre épée !
On a de l’éducation ou on n’en a pas. Coutenan ne se fait pas prier. Il saisit son épée… mais la tend par la garde à son adversaire médusé et lui présente ses excuses. Apprenant l’identité de ce jeune abbé fort gentleman, il renouvelle ses excuses devant toutes les gens accourues sur les lieux de la querelle. Ce duel de Retz ne fit pas plus de bruit que les autres. Cependant, Coutenan, admiratif, narra dans les détails l’incident au roi lui-même qui le tenait en très haute estime. Cela valut à Retz d’entrer en temps voulu dans les grâces de Louis XIII.
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